Petite histoire
L’expression d’un trait. Un verre de liqueur.
« S’il vous plait, j’aimerais cette cerise. » La fille en larme.
Crachin de pluie sur fond hivernal, botte et lunettes de soleil. Rouge intense d’une veste dans un paysage grisâtre.
« Pourquoi tu pleure ?
- Parce que je t’aime.
- Et alors, moi aussi non ? Je t’aime.
- Oui, mais si ça ne durait pas ? Si tu m’oubliais ?
- Ce ne se fera pas. Nous c’est pour toujours. »
Elle n’y croit pas. Elle aimerait, mais c’est plus fort qu’elle. La confiance, ça ne s’achète pas, et dans son cas, cela se construit sur des années.
« Prouve-moi l’amour que tu me porte. »
Et comment le pourrait-il ?
Comment prouver l’impossible ? Aimer, c’est s’intéresser à l’autre, le chouchouter, penser à lui(elle) sans arrêt, le(la) désirer. Comment prouver ces choses là, sinon en les faisant ? On peut toujours faire semblant malheureusement.
La fille à la veste rouge pleure sous la pluie. Ses larmes salées se mêlent à l’intempérie acide.
« Moi je peux t’aimer toujours. Je veux que tu le sache, qu’en amour, je suis extrême, je me donne entièrement, sans fausse mesure. Je ne mens pas, je ne trompe pas, je suis toujours là quand on a besoin de moi. Je te suis exclusive, à toi et à toi seul. Quand je me donne en amour, c’est inconditionnel. Tu peux assumer ça ? Tu crois encore que ton amour dépasse le mien ? »
Elle imagine qu’il a le choix entre une réponse négative, ou une surprise. Elle espère.
« Oui, je le crois. Je ne me donne pas en amour comme tu le fais, je fais plus encore. Je deviens tout ce que tu veux, je n’existe plus que pour toi. Je n’ai besoin que de toi et tout ce qui m’importe, c’est ton bonheur. »
L’un sans l’autre, nous ne sommes rien. Elle pleure encore, mais de joie. Il la prend dans ses bras.